LIEGEOIS Charles - Sdt - Matricule 13332

1er Bataillon - Compagnie C- 2ème Peloton

 

Soldat Charles LIEGEOIS
1er Bataillon - Compagnie C- 2ème Peloton - 2ème Section
Matricule : 13332 

 

En octobre 1942,  à l'âge de 15 ans, Charles Liegeois s’engage dans la résistance armée (A.S – Z.5-CT 11) comme soldat, matricule 16304.  Il est affecté au courrier et la récupération du matériel militaire lors des parachutages à la plaine de Colonster – Sart

En octobre 1944,  il s’engage avec son frère André et d’autres anciens camarades de l’Armée Secrète (F. Leduc, M. Nizet, R.  Collard) comme volontaire de guerre à la Brigade Piron.  En décembre 1944,  il rejoint ainsi le 3e Bataillon à Tamise comme soldat et reçoit le matricule 13332.

En janvier 1945,  Charles est muté au 1e Bataillon à Sint-Niklaas-Waas comme fusilier à la C-Coy – 2e peloton – 2e section.

« En avril 1945,  la Brigade est en opération en Hollande.  Mon frère André et moi-même sommes observateurs dans un moulin à Leeuwen.
Notre bataillon est en position dans un village sur la rive gauche du fleuve “le Waal”,  tandis que les Allemands occupent la rive droite.  Le 2e peloton a reçu l’ordre de faire une patrouille de nuit sur la rive ennemie.  Le sergent David demande deux volontaires pour une mission spéciale.  Mon frère André et moi,  nous nous portons volontaires.

Briefing :  Trouver une barque et la conduire de la nuit par le fleuve en longeant la rive coté belge,  d’un point A à un point B.
Tôt le matin, à pied et sans armes,  nous partons avec le sergent le long de la digue en nous cachant le plus possible des regards ennemis.  Après environ 2 heures de marche et de recherche, nous voyons hissée à demi sur le rivage une barque qui nous attend…  qu’elle est grande et lourde! Nous retournons à la compagnie où le sergent fait rapport au lieutenant Pinet : cette nuit vous ramenez cette barque au point B!

 

Tenue : Treillis,  vareuses,  sans armes et casques.
Le sergent se noirci le visage,  mon frère et moi pas,  nous rigolons discrètement,  étant mulâtres (Belgo-Africains),  nous n’avons pas besoin de nous noircir le visage…
La nuit est noire,  sans lune,  nous embarquons dans un camion Bedford,  conduit par le soldat Daems qui nous emmène au point A.  La barque est toujours là.  Nous embarquons,  aussitôt la barque est prise dans le courant léger de l’eau.  André et moi ramons sous les ordres à voix basse du sergent :  une…, deux…, une…, deux…,  mais comme nous n’avons jamais pratiqué ce sport,  nous partons à gauche ou à droite.  Plouf,  font les rames.  Chut!  fait le sergent qui vitupère,  pas tant de bruit,  toute l’armée allemande nous entend.  A gauche nom de Dieu!  A droite!  Subitement des traits de balles traçantes se font dans le ciel au dessus de nos têtes,  heureusement assez haut,  ce n’est pas pour nous.  Les tirs sont dirigés d’une digue à l’autre.  Je transpire mais je n’ai pas peur,  trop occupé à tenir le bon cap sans bruit.  Enfin,  après trois quart d’heure d’effort et quelques problèmes d’accostage,  le sergent arrime la barque au point B.  Ouf!  Mission accomplie sans dégâts.

Des années après,  je pense dans mes souvenirs,  quelle inconscience de jeunesse,  je nageais et je nage toujours comme un fer à repasser,  mais un qui marche à électricité!  Il parait… comme la barque appartenait à un citoyen hollandais qu’il avait déposé plainte pour vol auprès des autorités Militaires Anglaises.  Ces derniers ont ouvert une enquête,  sans résultat.  Le bataillon ayant fait mouvement sur l’autre rive en préparation de l’attaque vers Ochten et Opheusden.

Notre temps de présence en première ligne étant terminé,  nous redescendons vers l’échelon B pour nous reposer,  mais le repos fut de courte durée.  Nous recevons en support de l’armée Canadienne un troop de tank (Sherman sans tourelle) avec son chauffeur que nous surnommons Popeye (à cause de sa ressemblance avec Mathurin).
La 2esection du 2e peloton doit retourner toute la journée à l’instruction et y subir un entraînement. 
Tenue : casques,  petit sac,  armes et cartouchières.
Briefing : La section est installée sur le tank et nous devons apprendre plusieurs fois à débarquer en sautant du tank sur le sol spongieux d’une prairie en partie inondée,  faire l’assaut d’une position fortifiée ennemie et remonter sur le tank.  Fin de journée,  nous avons les jambes pleines de coups et fourbus nous nous couchons.  Après un repos bien mérité, nous remontons en première ligne vers Ochten.

Butins de Guerre : mitraillettes et canons Allemands

la 2ème Section du 2ème Peloton.

  Sgt David, 1eFus Welter, 2eFus Delanoy, 3eFus Hergote, 4eFus Liegeois André, 5eFus LiegeoisCharles, 6eFus Leduc, FM Bren tireur Dhont et Cpl. Vandenes.

 Le 8 mai 1945,  fin des hostilités,  c’est la joie sur toute la ligne du front et elle est exprimée par des tirs en l’air et de balles traçantes.  Nous désarmons les unités SS et partons en juin en occupation en Allemagne.

Sendenhorst en Allemagne occupée,  la 2esection du 2e peloton.

En décembre 1945,  nous retournons en Belgique,  la Brigade Piron devient Brigade Libération.  Après avoir passé les fêtes de fin d’année,  je retourne en Allemagne et je suis muté à la compagnie MMG (Medium Machine Gun).

Je suis enfin démobilisé le 23 septembre 1946


En décembre 2014,  Charles Liegeois est nommé Caporal d’Honneur par le Bataillon Libération-5eLigne à Bourg –Léopold.

 

Le 5 mai 2015 à Leerdam,  lors de la cérémonie d’inauguration de la mosaïque avec comme emblème celui de la Brigade Piron
de gauche à droite : Gérard Bouvin,  Henri De Keyzer,  Charles et André Liegeois,
membres du 1er Bataillon Libération.

Le sourire des frères Charles et André Liegeois lors de la Commémoration de Leerdam le 5 mai 2015

 

Témoignage de Charles “Charly” Liegeois

écrit le 12 Juillet 2015.